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I'm not cool
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7 mars 2009

Post coitum omne animal triste

"J'aime aussi, dans la sexualité, ce qu'elle nous apprend de nous-mêmes : toute la violence du désir, tout l'obscène de l'amour... Qu'avons-nous vécu de plus fort ?

Il y a aussi dans l'amour physique, cette fascination pour l'abîme, cette attirance pour le plus sombre, le plus trouble...

> Que fais-tu de cette violence ?
Je vis avec, j'aime avec, comme tout le monde... Et puis je la contrôle malgré tout. Qui ne le fait ? Qu'il y ait du terrible, dans l'amour physique, ou plutôt quelque chose qui n'a plus rien à voir avec l'amour, ni avec la bienveillance, ni même avec l'identité, j'en suis d'accord : de là ce halo d'effroi qui nous fascine. Un peu de vie à l'état pur : bouleversante, effrayante. Toujours collée à la mort. Toujours collé à soi. C'est l'ange de Rilke ("le beau n'est que le commencement du terrible..."), et c'est le seul. C'est la bête monstrueuse, dévorante, parfaite. Un "bloc d'abîme" comme l'a dit Sade. La nuit obscure : l'horreur éblouissante. Sade n'a rien inventé. Bataille n'a rien inventé. L'horreur est en nous, en nous la bête et le bourreau. Eros est un dieu noir, comme dit Mandiargues, ou plutôt ce n'est pas un dieu du tout, et peut être ce qui nous interdit d'y croire. Post coitum omne animal triste : c'est qu'il est sorti de soi et de ses illusions, c'est qu'il a vu la vie face à face, et qu'elle ressemble à la mort comme sa soeur jumelle..."

André Comte-Sponville

L'amour, la solitude

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